Voilà en substance ce que se sont dit les Espagnols du 18e siècle en voyant les Russes descendre de plus en plus au Sud le long de la côte Pacifique américaine et menacer leur emprise (toute théorique) sur le nord de la Californie.
Réaction des Espagnols, teintée d’hypocrisie religieuse : « Craignant les incursions russes, le roi d’Espagne Charles III ordonna au vice-roi José de Galvez d’établir des colonies le long de la côte de Haute-Californie pour y asseoir les prétentions de la couronne. Galvez voulut donner à ce projet des apparences religieuses plutôt que politiques et demanda donc à l’ordre franciscain, dirigé par le frère Junipero Serra, d’accompagner l’armée et de convertir les populations indigènes au christianisme. »
De cette politique sont nées une vingtaine de missions qui forment un chapelet le long du Camino Real, depuis San Diego jusqu’au nord de San Francisco. Nous en avons visité un certain nombre, mais plutôt que d’écrire un article à chaque fois, je vous ai préparé un petit bouquet de photos…
Et une énigme : laquelle de ces missions accueillit le tournage de Sueurs froides d’Alfred Hitchcock en 1958 ?
San Diego de Alcala (1769), la première, qui a donné son nom à la ville de San Diego
San Luis Rey de Francia (1783), qui tient son nom de notre Saint Louis et qui est toujours occupée par les franciscains.
Santa Barbara (1786), dite « reine des missions »
La Purisima (1787), la plus grande et la plus complètement restaurée
San Carlos Borromeo (1770), à Carmel (la fameuse ville dont Clint Eastwood fut maire)
San Juan Bautista (1797), qui malgré les tremblements de terre (elle est sur la faille de San Andreas) a gardé sa belle église colorée
Et enfin, San Francisco Solano (1823), au nord de San Francisco, dernière et plus septentrionale des missions
Réponse de l’énigme : la mission San Juan Bautista. Malheureusement, le campanile qui avait tapé dans l’œil de l’équipe d’Hitchcock au moment des repérages avait dû être mis à bas entretemps et il fallut le reconstituer en studio !