1er juin – A Desert Road from Vegas to Nowhere

Bagdad Cafe

bagdad-afficheJ’avoue, j’avoue : adolescente, j’avais un poster de Bagdad Cafe qui allait du sol au plafond dans ma chambre ; et j’ai obligé mes enfants à regarder le film avant le voyage.

Donc détour obligatoire sur la route qui va de Las Vegas à Los Angeles et qui croise l’ancienne Route 66 près de Newberry Springs, lieu de tournage du film sorti en 1987.

A l’époque, le café ne portait pas ce nom, mais il a été rebaptisé suite au succès du film (succès d’ailleurs beaucoup plus important en France qu’aux États-Unis – les trois quarts des gens qui s’arrêtent dans ce coin perdu sont français).

Sept heures et demi du matin. Le café est ouvert depuis une demi-heure, mais c’est le calme plat. Une seule voiture garée devant la vitrine, pour la déco. Je vais et viens au bord de la route, cherchant le bon angle pour prendre ma photo – un angle qui cacherait ce satané camping-car que j’avais cru garer à l’écart, mais qui se voit comme le nez au milieu de la figure. Décidément, il va falloir que je le déplace pour le mettre derrière le bâtiment, avec les deux ou trois caravanes Airstream complètement déglinguées.

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Gilbert sort sur le seuil et me demande en riant si je fais un marathon. Je rentre prendre un petit-déjeuner américain. Et je me retrouve dans le film. Bien sûr, la déco a un peu changé, avec tous ces tee-shirts agrafés au plafond et ces objets laissés par les clients de passage, mais pour l’ambiance, on y est : les banquettes sont éventrées comme il faut ; la glacière bourdonne ; au plafond, le ventilateur/lustre (auquel il manque une ampoule) oscille gentiment.

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Les personnages sont encore plus réussis : Gilbert, donc, très gentil (c’est la règle, quand on travaille au Bagdad Cafe), mais aussi le jeune homme au tee-shirt déchiré qui remplit la gamelle de son gros chien blanc (je parie qu’il vit dans une des caravanes) ; le vieux au pas traînant qui arrive avec un carton plein de tee-shirts et le défait avec lenteur sans rien dire dans l’arrière-salle ; Jaimeka (orthographe incertaine), qui entame la conversation avec moi et avec un accent que j’ai beaucoup de mal à décoder – originaire des Caraïbes, il vit en fait à San Bernardino dans une maison qu’il a plus ou moins transformée en pension pour retraités, mais il aime traîner ses guêtres au Bagdad Cafe où il est comme chez lui pour y rencontrer le monde entier.

On est bien, on s’attarde.

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Dix heures : deux autres clients (belges) sont arrivés ; Gilbert accroche au plafond le tee-shirt décoré par les filles, nous donne des cartes postales et met la musique du film, pour faire plaisir (il en rêve la nuit). Les bus touristiques qui se sont annoncés vont bientôt débarquer. Il est temps de reprendre la route.

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