J’ai cherché comment donner un angle à mon article pour qu’il ne consiste pas simplement à faire la nique à tous ceux qui n’avaient pas des activités aussi amusantes que nous le 25 mai dernier.
Mais, finalement non, tant pis pour vous : notre itinéraire nous faisait passer à vingt kilomètres de la seule station encore ouverte de tout le pays (Arapahoe Basin), alors on n’a pas résisté : on a skié dans le Colorado, nananère !
Les Etats-Unis comptent plus de 450 stations de sports d’hiver (la plupart n’offrant que quelques remontées) et on peut skier dans quarante des cinquante États : dans tous ceux de la moitié ouest grâces aux Rocheuses ; dans l’essentiel des États de la côte est grâce aux Appalaches ; mais aussi, à mon grand étonnement, dans le Midwest (la région des Grands Lacs : Michigan, Wisconsin, Illinois, Minnesota…). Dans le dernier cas, ils n’ont pas de montagnes, mais ils ont en principe de la neige en hiver, donc la moindre collinounette de 300 mètres de haut donne envie de faire des glissades.
A contrario, le Colorado, occupé pour trois cinquièmes de sa superficie par les Rocheuses, est l’Etat le plus élevé du pays (2 000 mètres d’altitude en moyenne, une cinquantaine de sommets à plus de 4 000 mètres). Et il faut reconnaître qu’il garde quelque chose de magique, avec ses vallées semées de lacs et ses prestigieuses stations – qui n’a pas entendu parler de Vail, Telluride, Aspen ?
Vail, à une heure de route d’Arapahoe Basin : un village construit dans les année 1960 dans un style vaguement bavarois et un domaine skiable immense de 193 pistes.
Si la station d’A-Basin* est ouverte aussi tard dans la saison (généralement jusqu’en juin), c’est d’ailleurs grâce à son altitude : le pied des remontées mécaniques se trouve à 3 200 m et le sommet à près de 4 000. Une poignée de télésièges, beaucoup de pistes noires, des pistes bleues, des pistes vertes – mais, curieusement, pas de rouges. Eh oui, cette catégorie n’existe pas ici : leurs pistes bleues sont nos rouges et leurs vertes sont nos bleues (vous suivez ?).
Autres petits détails : il y a des télésièges sans garde-corps, ce qui fait des fourmis dans les pieds quand le sol est vraiment loin ou que ça vibre au passage des pylônes – on s’accroche à ses bâtons ! Et les pistes ne sont pas piquetées, pour pimenter l’aventure et perdre les skieurs quand il vient de neiger ou par temps de brouillard.
A part ça, guère de différences. Une piste de ski alpin est une piste de ski alpin.
Ah si, j’oubliais : ici on croise des chipmunks sur les pistes !
* « Spéciale dédicace » à mon petit frère : C’est à Arapahoe Basin que Poma installa son premier télésiège aux Etats-Unis, en 1953. Qu’on se le dise.