24 mai – Denver, ou comment Margaret Brown devint Molly Brown

Denver

Située au pied des Rocheuses, tout au bout de l’immense plaine qui occupe le milieu du continent, Denver, la capitale du Colorado, se trouve à 1 600 mètres (soit un mile) d’altitude. Ses habitants sont très fiers de cette particularité (signalée par un repère sur les marches du Capitole) et ils vous demanderont à tout bout de champ si des fois vous ne ressentiriez pas les effets du mal des montagnes. Si vous les rassurez sur ce point, ils en seront légèrement dépités, mais ils vous mettront tout de même en garde : méfiez-vous, ça pourrait venir !

IMG_0405.jpg

La Monnaie et les Rocheuses depuis les marches du Capitole

 

Porte d’entrée des Rocheuses, Denver a aussi été la ville vers laquelle ont convergé une bonne partie des fortunes amassées grâce à l’exploitation des mines d’or et d’argent découvertes dans ces montagnes durant la deuxième moitié du 19e siècle. C’est pour cette raison, par exemple, qu’il y a une Monnaie à Denver (autant transformer sur place les métaux en pièces sonnantes et trébuchantes) et que l’itinéraire de sa plus célèbre citoyenne, Molly Brown (appelons-là comme ça), est un archétype du rêve américain.

IMG_0387

Rappel succinct des faits : Margaret Brown (c’est son vrai nom) naît en 1867 à Hannibal dans le Missouri (comme Mark Twain), dans une famille d’immigrés irlandais relativement pauvres (adolescente, Margaret travaille à l’usine), mais attachés à la culture (elle apprend le piano et, adulte, elle parlera couramment cinq langues). A dix-huit ans, elle rejoint son frère dans la ville minière de Leadville, Colorado, y rencontre son futur mari, J.J. Brown, très modeste ingénieur des mines, et l’épouse aussitôt, en 1886. Sept ans plus tard, les travaux d’ingénierie de J.J. permettent l’exploitation du plus gros filon d’or de la région et assurent leur fortune.

IMG_0388Devenus riches du jour au lendemain, ils déménagent à Denver (précisément à l’époque où cette ville de l’Ouest s’achète une respectabilité en construisant son Capitole, sa gare, son grand hôtel, son opéra…), s’installent dans une maison victorienne qu’on peut aujourd’hui visiter et intègrent peu à peu la haute société américaine.

 

IMG_0390

Suit une vie marquée par une certaine excentricité, pleine d’engagement social et politique (Margaret est candidate trois fois au Sénat, à une époque où les femmes n’ont bien sûr pas le droit de vote), mais aussi de voyages.

C’est l’un de ceux-là qui la fera entrer dans la légende, puisqu’elle réchappera du naufrage du Titanic, non sans avoir exhorté le capitaine de la chaloupe où elle se trouvait à retourner chercher des victimes luttant encore dans l’eau (dire qu’on aurait pu sauver Jack). Après le drame, elle plaidera aussi pour qu’on vienne en aide aux victimes démunies (après avoir organisé une collecte auprès des rescapés de la première classe, elle publiera les noms des généreux donateurs – et des autres !).

Among the Titanic survivors was Margaret "Molly"  Brown who was played my Kathy Bates in James Cameron's 1997 film 'Titanic' #Titanic #RMSTitanic #JamesCameron #1912 #KathyBates #MollyBrown

L’air un petit peu inquiète au moment de monter sur le bateau, non ?

 

 

 

Résultats de recherche d'images pour « katie bates titanic »

Jouée par Katie Bates dans le Titanic de Cameron

 

 

Comment donc Margaret Brown devint-elle Molly Brown, puisque c’est sous ce nom que nous la connaissons aujourd’hui ?

 

Par la grâce de Broadway : en 1960, une comédie musicale y fut montée pour retracer sa vie (de manière, disons, très libre), or son prénom n’eut pas l’heur de plaire aux auteurs, qui trouvaient que Molly sonnait mieux. Ainsi fut écrit The Unsinkable Molly Brown (l’insubmersible Molly Brown), qui donna aussi lieu quelques années plus tard à un film avec Debbie Reynolds.

 

 

 

 

Et comme la mauvaise monnaie chasse toujours la bonne, Margaret, que personne n’appela jamais Molly de son vivant, restera donc Molly pour la postérité !