Cortez, Colorado, bourgade aux allures tranquilles, dotée d’un parc et d’une bibliothèque municipale qui font notre bonheur et où je trouve le journal local.
Article sur le projet de réforme de l’assurance-maladie, discussions sur la remise en cause du statut de certains « monuments » gérés par les parcs nationaux…. Tout cela est très intéressant, mais ce qui a retenu mon attention, je dois dire, ce sont les pages où s’affichait le gros titre « Crime waves continue ». Comment ça des vagues de crime à Cortez ? Une jolie petite ville si paisible ? Serait-ce donc vrai ce qu’a dit Trump pendant sa campagne, que des rivières de sang coulent dans les rues de toute l’Amérique ?
Je commence donc à lire ce qui se présente comme une suite de brèves :
5 AVRIL
Il a cassé la vitre (de la voiture) et m’a balancé de la m… à la figure, a laconiquement expliqué une femme soupçonnée de violences conjugales pour avoir embouti la voiture de son mari avant de quitter leur domicile. Son conjoint a reconnu les lancers de déjections canines, mais a à son tour accusé son épouse de comportements inconvenants.
6 AVRIL
« Ouah, vous êtes trop fort ! » s’est exclamé une adolescente soupçonnée de vol à l’étalage en entendant le vigile du Walmart raconter en détail à la police comment son amie et elle avaient tenté de dérober des produits de beauté.
12 AVRIL
Une femme a signalé avoir reçu des textos avec le message suivant : « Où as-tu caché le cadavre ? Je ne le trouve pas. » Un début de piste n’a mené nulle part et l’enquête est au point mort (ha, ha).
Vous l’aurez compris, il s’agissait en fait de la rubrique des faits divers et il fallait comprendre le mot « crime » dans son sens anglais le plus bénin : délinquance.
La liste des faits délictueux n’est pas réjouissante en soi (pour la plupart liés à l’alcool et à la drogue, ils ont souvent pour théâtre la bibliothèque ou le supermarché, deux lieux où les paumés traînent autant que nous), mais avec le ton et les incises du journaliste, elle peut le devenir – la rubrique est d’ailleurs si populaire qu’on ne la trouve que dans la version papier du journal et non en ligne.
Qu’on se rassure tout de même : il semblerait que toute l’Amérique ne soit pas encore vraiment à feu et à sang !