Dans le parc national de Joshua Tree, à deux heures à l’est de Los Angeles, il y a des arbres de Josué – qui, comme leur nom ne l’indique pas, ne sont pas des arbres (leur tronc n’est pas en bois), mais une espèce d’agave. Ils ont été baptisés par les mormons, qui trouvaient qu’ils ressemblaient à Josué leur indiquant le chemin de la Terre Promise.
Comme c’est le printemps, ils sont en fleurs, de même que d’autres plantes du désert, et c’est joli.
Il y a aussi des formations rocheuses étonnantes et des oasis très agréables pour fêter les anniversaires avec des gros gâteaux typiquement américains.
Mais il y a surtout depuis le point de vue de Keys View une perspective extraordinaire sur la vallée de Coachella, qui permet de regarder de haut la faille de San Andreas (le bourrelet qui file au milieu) et d’apercevoir à droite les golfs de Palms Springs et à gauche les cultures de Coachella*
Et c’est là que se noue la seconde tragédie de la salade (voir article sur les 21-22 mars pour la première) : normalement cette vallée devrait être complètement désertique, elle appartient au désert de Sonora. S’il y pousse des salades, des tomates et des parcours de golf, c’est à grand renfort d’irrigation, une technique de culture imaginée par des colons qui arrivaient de pays ou de régions des Etats-Unis où l’eau n’était pas un problème.
Et c’est comme ça que le fleuve Colorado, arrêté par 15 barrages sur son cours principal et par des centaines sur ses affluents (!) pour créer des réservoirs et produire de l’électricité, pompé à outrance pour les besoins de l’agriculture (beaucoup), de l’industrie et de 40 millions d’habitants de son bassin, n’arrive en fait presque plus jamais à la mer de Cortez depuis les années 1960.
( Les deux principaux barrages, celui de Glen Canyon et de Hoover, ont respectivement créé les immenses lacs Powell et Mead.)
Chaque goutte du fleuve fait désormais l’objet d’une savante répartition entre les différents territoires et types d’utilisation. Problème n°1 : on a surestimé son débit au moment des négociations et on a oublié de prendre en compte 10% d’évaporation dans les lacs de barrage (y avait-il des scientifiques dans la salle ??). Problème n°2 : la population desservie et les besoins continuent d’augmenter. Problème n°3 : avec la sécheresse qui sévit depuis des années, les réserves des barrages sont très basses. Conclusion : outre que la situation est préoccupante pour le fleuve lui-même et tous les écosystèmes qui en dépendent, il y a fort à parier que la question de l’eau continuera à faire partie des facteurs aggravants les tensions entre les Etats-Unis et le Mexique dans les années à venir…
Ici, une très belle vidéo de 3 minutes sur le Colorado, découverte pendant une conférence donnée par un ranger dans un parc national. Je vous ai dit que j’aimais les rangers ?
* Le jour de notre visite, on voyait le fond de la vallée à l’œil nu, mais l’épais nuage de pollution atmosphérique soufflé par les vents depuis l’agglomération de Los Angeles a rendu mes photos particulièrement brumeuses. Pour les besoins de la démonstration, j’ai donc emprunté, avec son accord, la formidablement lumineuse photo d’une camarade blogueuse, Gaelyn Olmsted : geogypsytraveler.com.