Le parc national des Everglades n’est PAS un immense marécage : voilà ce qu’on martèle aux touristes qui s’attendent à y trouver les alligators assoupis dans une eau croupissante.
En réalité, il s’agit d’une vaste plaine inondée, où l’eau s’écoule lentement, très lentement, vers le golf de Floride, laissant émerger des buttes dont l’altitude vertigineuse (disons un mètre, voire soyons fous, deux mètres) permet à la mangrove ou à des bosquets d’arbres de se développer. Cette configuration particulière et le climat subtropical de la région se conjuguent pour former un écosystème d’une richesse fabuleuse (d’autant que les eaux saumâtres de la baie, de très faible profondeur et elles aussi parsemées d’îlots, sont favorables à d’autres espèces comme le crocodile ou le lamantin).
Pour une immersion totale dans ces paysages, nous avons eu envie de faire une petite promenade en canoë. Pas exactement dans la baie de l’Enfer (Hell’s Bay), mais juste à côté, sur le Nine Mile Pond.
Et la balade qui devait nous prendre « deux heures sans se presser » nous en a pris trois et demie en souquant ferme pour ne pas nous faire rattraper par la nuit !
Bien sûr, il fallait compter avec des équipages inexpérimentés et peu musclés, mais le terrain lui-même était particulièrement ardu, entre les dédales où, à chaque virage, on donnait de l’avant du bateau dans la mangrove et les étendues où la densité de la végétation affleurant à la surface donnait plutôt l’impression de ramer dans la boue…
En définitive, une promenade inoubliable, mais pendant laquelle, préoccupés que nous étions par la navigation, nous n’avons pas vu d’animaux (à part nos amis les moustiques, cela va de soi).
Heureusement, nous avions eu notre compte de tortues et alligators à d’autres endroits du parc.
Sur la route des Everglades, le stand de fruits et légumes « Robert Is Here » est une institution depuis des lustres. Et Robert est vraiment là – mais ne lui dites pas que la papaye n’est pas votre fruit préféré, il est assez chatouilleux sur le sujet… Pour nous racheter, nous lui avons notamment pris un « guanabana » (vendu comme le meilleur fruit du monde ; pas mauvais, mais au prix du caviar) et un « black sapote » ; officiellement, celui-ci sera mûr (et aura un goût de gâteau au chocolat) quand il aura viré du vert au marron et commencé à suinter…