Après un week-end un peu éprouvant du fait de la canicule et du stress des difficultés logistiques, nous avons tous besoin d’une pause et nous sacrifions donc à la tradition avec une escapade à Coney Island, au sud de Brooklyn – Coney Island, sa plage, ses planches, ses manèges de fêtes foraines, les énormes glaces qui fondent trop vite même quand on s’y met à deux et les hot-dogs de chez Nathan.

Pendant le long trajet en métro (d’autant plus long que nous nous sommes trompés, comme presque tous les jours ; il y a quantité de façons de se perdre dans le métro et le meilleur moyen de l’éviter est de se renseigner auprès  aux New-Yorkais, dont la serviabilité légendaire est bien réelle), je discute avec un autre passager – dès que nous éloignons des lieux les plus touristiques, nos conversations en français ou notre accent attirent les questions, et en premier lieu celle qui doit résonner le plus souvent sous les cieux new-yorkais (aussi bien à l’adresse des touristes que des habitants eux-mêmes) : «Where are you from ? » D’où venez-vous ?

Je retourne la question à mon interlocuteur. Lui est arrivé de Macédoine au début des années 90, en pleine guerre de Yougoslavie. Là-bas, il possède une maison, des terres, mais il n’envisage pas d’y retourner ; classiquement, l’argent qu’il envoie au pays fait en grande partie vivre la famille, ses frères. Il travaille dans l’hôtel Trump à Manhattan. Les élections ? Il va voter Trump, évidemment. Eh ! c’est quand même le patron. Et puis il le connaît ; en vrai, il est sympa avec les immigrés, d’ailleurs il les fait travailler et sans eux il ne pourrait rien faire… « De toute façon, lui ou un autre, ça ne changera rien. »