Malgré notre impatience d’arriver à New York, il est trop tentant de visiter en chemin la propriété des Vanderbilt (enfin, UNE des propriétés d’UN des Vanderbilt, qui sont aussi nombreux que les grains de sable du désert).
Une toute petite chose, un simple cottage à la campagne, ce qu’ils avaient de plus modeste, vraiment, mais qui aura quand même coûté deux millions de dollars à construire en 1898 (les guides donnent toujours le prix de construction de tous les bâtiments).
Et puis nous descendons le cours de l’Hudson (une vallée si belle qu’elle donna naissance à la première école de peinture véritablement américaine au 19e) jusqu’à la célèbre académie militaire de West Point.
Voulant admirer le site (magnifique, un verrou dans une vallée glaciaire) et nous renseigner sur les possibilités de visite, nous nous retrouvons par erreur à l’entrée officielle. On nous propose aimablement de passer la guérite pour faire demi-tour. Soulagée, je démarre aussitôt.
Malheur ! J’égratigne un plot. De l’armée des États-Unis. Sueurs froides.
Secondary inspection, passeports, permis, assurances, documents à remplir, ne paniquons pas, ils ne vont quand même pas nous passer en court-martiale. Mais la première question de « l’inspecteur » (Tom Cruise, mâchoire sévère, lunettes de soleil pour ne pas que je voie son regard) déjoue ma détermination à rester impassible : « How do you feel about the scratch on your RV ? » (ça vous fait quoi d’avoir éraflé votre camping-car ?) Je ne peux pas m’empêcher de sourire en répondant que je ne suis pas ravie, vu qu’on a l’intention de le revendre, tout ça… et je m’empresse d’ajouter toute contrite qu’en plus je ne connais pas l’ampleur des dégâts sur leur plot.
Finalement, au bout d’une heure, personne n’ayant pu indiquer à l’inspecteur de quelle éraflure nous étions précisément responsables sur ce plot (d’une valeur de mille dollars, nous signale-t-on), on passera l’éponge et nous ne devrions pas avoir de casier suite à ce lâche attentat.
N’empêche que n’aurez pas de photo de l’incident (sait-on jamais) et qu’à Washington nous nous tiendrons prudemment éloignés du Pentagone…!