28-29 avril – Tourbillon de couleurs au plus grand pow-wow de l’année

Albuquerque

« Alors on va voir des vrais Indiens ? me demande Laurette. Pas comme des faux comme les sirènes ? » (souvenir de sa déception de décembre au parc de Weeki Wachee en Floride).

Oh oui, de vrais Indiens nous en avons vu, des milliers, venus à Albuquerque des quatre coins des Etats-Unis et du Canada. Des Navajos, des Apaches, des Pueblos, bien sûr, puisqu’ils étaient dans leur région, mais aussi des Cherokees, des Sioux, des Comanches, des Crees, des Seminoles, des Choctaws, des Pawnees, des Cheyennes, etc. Comment se lasser d’entendre ces noms si exotiques pour nous résonner dans l’arène et les membres des différentes tribus répondre à l’appel à grands cris pendant la Grande Entrée…?

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Deux jours de rassemblement pour le Gathering of Nations, devenu au fils des ans le plus grand pow-pow du pays, celui qui lance la saison, celui pour lequel on se prépare tout l’hiver afin d’y présenter sa plus belle tenue et ses plus beaux pas de danse.

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Car le cœur de l’événement est bien un concours de danses traditionnelles/sacrées, agrémenté d’un grand marché artisanal (qui veut un attrape-rêve ? des turquoises et autres pierres, des fétiches zunis, des tapis et couvertures, ou bien des perles et des plumes pour compléter son prochain costume ?).

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MVI_2174_Moment (2)Moyennant quoi, aller au Gathering of Nations et se dire qu’on connaît les Indiens serait à peu près aussi pertinent, toutes proportions gardées, que d’aller à un Fest-Noz et se dire qu’on connaît les Bretons. (D’autant que se pose aussi la question de la frontière ténue entre sacré et folklore, surtout quand il y a compétition et récompense financière pour les vainqueurs… tout se perd et tous les Indiens n’en sont pas ravis.)

Et pourtant, le spectacle auquel on assiste est aussi le miroir de leur rapport complexe à la nation américaine, entre patriotisme revendiqué (salut au drapeau, hommage aux vétérans) et affirmation de leur unité, de leur souveraineté et de leur attachement à la protection de l’environnement. Message du président de la nation navajo à bon entendeur: « L’Amérique a toujours été grande. Et elle a toujours été indienne. » Enthousiasme de la salle.

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Le conflit qui a cristallisé ces derniers mois toutes les revendications est le Dakota Access Pipeline, un oléoduc passant sur des terres sacrées sioux et constituant une menace (comme n’importe quel oléoduc) pour les ressources en eau. Les manifestations ont marqué la campagne présidentielle et Trump est passé en force pour clore ce dossier, mais la lutte contre d’autres projets continue partout sous le cri de ralliement « Water is Life ».

Résultat d’images pour miss indian worldEst-ce vraiment un hasard si la dernière Miss Indian World appartenait précisément à la tribu des Sioux de Standing Rock où le conflit a éclaté ?

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En signe de soutien aux manifestations pour la protection de l’eau, les Indiens Pueblos exécutent la danse sacrée du Buffalo Blanc.

Et les danses, donc ? Suivant les percussions et les chants des différents groupes qui se succèdent, elles sont le plus souvent sautillantes, ou du moins souples sur la cheville pour les plus hiératiques des danses féminines.

MVI_2200_Moment(4)En moyenne, les danses des femmes sont plus lentes et majestueuses que celles des hommes, mais la danse du châle est très enlevée et virevoltante.

 

 

 

 

 

 

 

 

Après leurs prestations, les concurrents s’alignent devant le jury. A cet instant, si les femmes restent sérieuses et dignes (c’est tout nous), les hommes prennent souvent des poses et émettent des sons gutturaux pour se rappeler au bon souvenir des juges.

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Parmi les danses les plus populaires, la chicken dance (d’origine Cree ou Blackfoot, il y a débat, en tout cas il s’agit d’imiter un gallinacé), et la fancy dress, très rapide, acrobatique et spectaculaire.

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IMG_2137Et le vendredi soir, les réjouissances se terminent par un concours de danse cow-boy (où les concurrents de tous âges sont bienvenus, dans l’esprit bon enfant qui règne pendant tout week-end).

En effet, qu’on se le dise : historiquement, le cow-boy était souvent un Indien !