5 février – Un Super Bowl dans l’air du temps

silicon-valley

Après notre petit tour de vélo chez Google, nous nous rendons dans un des bars de prédilection des employés pour assister à la grande finale du Super Bowl, ce match de football américain attendu et suivi chaque année par tout le pays.

Nous avons manqué le début, mais pas les publicités qui sont diffusées à peu près toutes les 20 secondes de jeu et qui sont souvent aussi commentées que le match lui-même (très remarquée, la publicité de Budweiser sur le difficile parcours d’immigré de son fondateur) ; pas raté non plus, le spectacle de Lady Gaga à la mi-temps, avec saut dans le vide, chorégraphies et feux d’artifice de rigueur ; pas raté, enfin et surtout, la phénoménale remontée des Patriots de Nouvelle-Angleterre face aux Falcons d’Atlanta.

Depuis le début du match, je me demandais pourquoi la caméra n’avait d’yeux que pour le beau Tom Brady, le quarterback de l’équipe des Patriots – le quarterback, c’est le meneur de jeu, celui dont les pom-pom girls sont folles dans les films pour ados. (Au sein des équipes de la ligue professionnelle américaine, il est à 70 % blanc, alors que les joueurs dans leur ensemble sont à 70 % noirs : c’est vous dire si ce n’est pas un poste qu’on peut confier à n’importe qui.)

Résultats de recherche d'images pour « tom brady image super bowl »

Mais je finis par comprendre que ce n’est pas un match comme un autre : Tom Brady, 39 ans, joueur le plus admiré et le plus détesté du pays (accessoirement marié à la top-modèle Gisele Bundchen), va peut-être décrocher une cinquième victoire au Super Bowl et établir par la même occasion toute une série de records avec son coach et son équipe des Patriots. Ajoutons qu’il a des liens d’amitié avec Trump, lequel l’encourage très bruyamment depuis quelques jours – aujourd’hui, plus rien n’est neutre politiquement, même un match de football, et le fait que l’équipe des Patriots soit sensiblement plus blanche que celle des Falcons ajoute encore aux tensions.

Du coup, quand les Patriots se prennent une véritable pilée (3 à 28 au milieu du troisième quart temps), beaucoup se réjouissent de la défaite prévisible de l’équipe hyper-dominatrice depuis des années.

Et là, l’impensable : les Patriots marquent 25 points d’affilée sans que les Falcons n’en marquent un seul, égalisant à quelques secondes de la fin du jeu. Prolongations, les premières en cinquante ans d’histoire du Super Bowl. Victoire éclair des Patriots. Magnifique. Historique. Les commentateurs sont à court de superlatifs. Trump tweete ses félicitations à tous ces winners.

201701222007724566432

Quel beau scénario ! Le champion au fond du trou qui revient contre toute probabilité remporter la plus belle victoire de sa vie.

 

Trop beau pour être vrai ?

Une fois la fièvre retombée, prise d’un vilain doute, je cherche et je découvre que les Patriots, leur coach et leur joueur vedette, ont une solide réputation de tricheurs, étayée par plusieurs condamnations très récentes.

 

Franchement, je ne sais pas si le plus triste, c’est que je me pose ce genre de questions ou que j’obtienne ce genre de réponses.