Harpers Ferry : voilà un détour par un parc national que je n’aurais manqué pour rien au monde. D’abord parce que c’était la seule occasion de faire une petite incursion en Virginie-Occidentale. Ensuite pour son nom : Harpers Ferry, « le ferry de Harper », un nom qui fleure bon le temps des pionniers.
Et justement, à l’aube de la conquête de l’ouest (en 1803), c’est à Harpers Ferry qu’est venu s’équiper l’explorateur Lewis qui, avec son collègue Clark, avait été mandaté par le président Thomas Jefferson pour aller reconnaître la Louisiane tout juste achetée à la France et pousser jusqu’au Pacifique. Harpers Ferry semblait alors promise à un grand avenir : située au confluent des fleuves Potomac et Shenandoah, elle venait d’être désignée par George Washington pour accueillir l’arsenal national. Bientôt aussi carrefour de voies de communication (chemin de fer, canaux), elle vit se développer ses industries et connut des épisodes au retentissement national, comme l’équipée de John Brown en 1859, qui prit d’assaut l’arsenal avec une escouade de 21 hommes pour armer des troupes favorables à l’abolition de l’esclavage. Le débat est toujours en cours pour savoir si Brown était un saint, un illuminé ou les deux, mais l’affaire a fait partie des déclencheurs de la guerre de Sécession. Harpers Ferry, centre du monde.
Hélas, la guerre toucha très durement la ville, maintes fois prise et reprise, et à la fin du siècle les fleuves qui avaient fait brièvement sa fortune achevèrent sa ruine à force de crues phénoménales.
Aujourd’hui, Harpers Ferry est un village figé dans le passé par le service des parcs nationaux, au milieu d’un décor grandiose (admiré en son temps par Jefferson soi-même depuis cette pierre) et il est bien difficile d’imaginer les usines qui bordaient autrefois les fleuves.
A quelques kilomètres, Charles Town, fondée en 1786 par Charles Washington, frère de, offre le type-même de la petite ville de l’est: sa rue principale, sa mairie, une de ses églises…